professeurs et des ministres, de la pièce en vogue et de leurs maîtresses.
Parmi ces huit, il en est un qui n’est pas l’amphitryon, et qui pourtant semble le maître : on l’écoute, quand il parle, avec une attention que n’obtiennent pas les autres ; son avis a du poids, soit qu’il s’agisse de politique, de littérature ou de femmes. Ce n’est pourtant qu’un étudiant de première année, un blanc-bec de vingt ans à la lèvre encore féminine ; et quant à sa famille, bien qu’il se fasse appeler « Jehan de Château-Gaillard » ma foi !… – la justice informe !
Au demeurant, il passe pour le fils naturel de Mériot l’académicien, aimable poëte auquel le Théâtre-Français doit une demi-douzaine de jolies comédies, dont deux sont restées au répertoire.
Mais à son âge, il s’est déjà fait deux duels : l’un, pour je ne sais plus quelle héroïne de je ne sais plus quel drame de Victor Hugo ; l’autre, à propos de son nom que l’on trouvait un peu bien ronflant à l’École. Un mauvais plaisant avait osé dire, je crois, que sur l’écusson des sires de Château-Gaillard, la barre était si large, qu’on ne lisait pas bien les armoiries !
Deux duels ! à vingt ans ! Et puis, habits de Pomadère, gants frais et bottes fines ; des succès au Prado et l’accès des premiers salons de Paris. — En fallait-il davantage pour mettre hors de pair un joli garçon ?
Car il avait une tête faite pour affoler les femmes : des yeux d’un vert de mer où l’infini semblait avoir mis son reflet ; une bouche d’un dessin à la fois pur et voluptueux, sur laquelle on voyait à peine une