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semble. Tout en causant tu te plaindras de ta chaise de poste, qui sera, selon toi, incommode et mal suspendue : j’en prendrai occasion pour faire l’éloge de la nôtre, qui sera vaste et admirablement installée. Bref, nous nous arrangerons pour continuer la route de compagnie, et tu renverras ta chaise à Paris.

» La conversation qui rendra cette combinaison naturelle et plausible, tu l’imagines. Allant tous au Havre et voyageant du même train, rien de plus simple que notre arrangement. Mais en même temps, la gentille Annette dînant à la cuisine devra causer. Elle dira ton nom, et te donnera une maladie quelconque ; racontera que tu cours au-devant de ton mari, et que c’est une grande folie dans l’état de ta santé.

— Je comprends. Si M. Hérouard, arrivant à Paris et ne m’y trouvant pas, se prenait à suivre mes traces…

— Justement ; le témoignage de l’hôtesse serait un commencement d’explication à la suite des choses.

– De Mantes nous partons ensemble, ma mère et toi dans le fond de la voiture, Annette et moi sur le devant. Cette chaise de poste, ma bien-aimée, sera ta maison, ta chambre, jusqu’à l’heure de la délivrance. Il va sans dire que la femme qui m’accompagnera sera une habile sage-femme. Eh bien, l’enfant que tu comptais mettre au monde ici, seule entre Annette et moi, nous l’attendrons sur une grande route en chaise de poste. Tu auras du courage, moi je tâcherai d’avoir de la présence d’esprit, et les postillons eux-mêmes pourront ne se douter de rien.

– Bien. Et, l’enfant né ?