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vous autorise aussi à partir chaudement vêtue, car les nuits peuvent devenir fraîches. Vous vous envelopperez donc bien. Vos gens d’ailleurs ne prendront pas garde à ces détails, parce qu’ils ne se doutent de rien…

— Qui sait ?

– En partant vous multiplierez les recommandations, minutieusement, et vous promettrez à tous et à chacun bonne récompense si au retour vous trouvez les choses selon vos ordres. Et, en effet, au retour vous serez généreuse.

– Reviendrai-je ? fit-elle avec mélancolie.

— Il y a un Dieu pour les amants !

— Et vous me conduirez ?

— Voilà ou vous allez me prendre pour un fou ! Je vous conduirai au Havre.

Les yeux seuls de madame Hérouard, cette fois, interrogèrent Lucien.

— Écoutez, dit-il, je pourrais sans doute vous conduire en cent endroits qui sembleraient mieux lieu d’asile ; mais, vers quel but pouvons-nous aller avec plus de sûreté ? En quelque lieu que vous vous cachiez, si vous vous cachez, il faudra prendre un faux nom et faire une déclaration de naissance illégitime ; laisser voir à un certain nombre de gens, à des mercenaires, que vous êtes dans une situation inavouable. Votre charmant visage est bien connu à Paris. Tant de gens, dont vous ne soupçonnez pas l’existence, vous ont ad mirée à Longchamps dans votre équipage, ou bien dans votre loge à l’Opéra ! Par simple curiosité ces gens chercheraient à savoir votre secret. Et pourquoi pas par intérêt ? Plus tard bien des complications