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— Je le sais. Sauvez-moi donc à tout prix et fallût-il risquer ma vie…

— Peut-être…

– Eh bien, dites !

– Voici mon projet : demain, vous recevrez comme à l’ordinaire, et vous paraîtrez particulièrement gaie et bien portante. Vous annoncerez à votre cercle l’arrivée de M. Hérouard, et vous manifesterez l’intention d’aller au-devant de lui… :

– Moi ? qui garde le lit depuis quatre mois !…

— Que voulez-vous ? Il faut se résigner à cette invraisemblance ; on dira que vous faites une folie. Eh bien ! qu’importe ? Si après on vous voit revenir avec votre mari, nul ne s’étonnera de vous trouver un peu souffrante…

— Avec mon mari ?…

— Je vous ai dit que mon plan était insensé. Ce désir d’aller au-devant de votre mari, vous ne l’annonceriez d’ailleurs qu’en manière de projet en l’air ; de façon enfin qu’on le prenne pour une rêverie de malade demain, et qu’après-demain, en vous trouvant réellement partie, le monde ne soit pas surpris comme par un coup de foudre. Après-demain vous partez en chaise de poste, au vu et au su de tous vos gens, emmenant votre femme de chambre, n’emportant que le bagage qui convient à une course de huit à dix jours, recommandant bien vos enfants à la gouvernante. Remarquez que, par ce beau mois de septembre, vous n’avez point de parents à Paris auxquels vous deviez faire part de vos intentions, et qui puissent à cet égard vous faire des remontrances. La saison