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défendre la porte, de ne pas quitter sa maîtresse ; puis :

— Ma bien chère Éléonore, votre mari, quelque rapide qu’ait été son voyage, et quelque diligence qu’il fasse du Havre à Paris, ne peut arriver avant quatre ou cinq jours. Rassurez-vous donc. D’ici ce temps j’aurai pourvu à votre sûreté — et même à votre honneur. Comment ? Je n’en sais rien encore, mais cela sera. Ayez confiance. Vous m’avez livré votre honneur, j’en suis responsable. Je vous quitte pendant quelques heures ; attendez-moi en paix. Jusque-là ne recevez personne. Le trouble qui vous agite pourrait se lire sur votre visage. Ayez la migraine pour tout le monde, et cependant assurez en même temps votre santé, vos forces, et votre courage. Quoi que je puisse vous proposer, vous aurez besoin de l’énergie morale, et du ressort physique. Et puis songez à cet enfant adoré qui va naître et qui est le nôtre… auquel je veux consacrer ma vie entière et qui sera notre doux lien à travers les années.

Quand il revint, le soir, Lucien avait un plan. D’un signe il éloigna la femme de chambre, qui emmena les enfants ; et, toutes portes closes, il dit à Éléonore :

— Il faut d’abord que votre mari ne vous trouve pas ici ; il faut ensuite que votre absence s’explique naturellement et ne donne pas de prise aux soupçons : je me suis surtout préoccupé de ces deux points. Il faut ensuite songer à votre salut et à celui de notre enfant. Je n’ai trouvé qu’un moyen. Vous allez me répondre qu’il est absurde et vous aurez raison. Mais il n’y a que l’impossible qui réussit. Et puis nous n’avons pas le choix des moyens.