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Mais n’énumérons pas, un à un, les artistes et les lettrés qui se mêlaient dans le salon ou la ruelle de madame Hérouard aux brillants officiers presque par tout alors tenant le haut du pavé, et aux hommes politiques pressentant déjà qu’aux triomphes bruyants des capitaines succéderait, à un moment donné, la suprématie des diplomates et des avocats ; nous aurions trop à faire, car parmi cette élite de la société parisienne d’alors, se trouvaient bien des individualités qui, à des titres divers, devaient appartenir à l’histoire.

Qu’il suffise de savoir que là se rencontraient les hommes les plus marquants et les femmes les plus élégantes ; et que, si les hommes enviaient secrètement la faveur dont Lucien paraissait jouir auprès de la belle dolente, les femmes n’avaient l’air de remarquer ni ses assiduités, ni ses privilèges.

Heureuse et puissante madame Hérouard ! les poëtes venaient lui lire leurs vers frais éclos ; les musiciens lui dédiaient leurs romances ; les diplomates et les militaires ébauchaient chaque jour, en marivaudant autour d’elle, une carte d’Europe nouvelle ; les couturières en vogue venaient prendre son avis avant de lancer telle ou telle mode, les bijoutiers lui présenter leurs parures les plus belles ; son mari lui avait fait venir d’Asie un des premiers cachemires…

Et les jeunes femmes ne la déchiraient pas, et les vieilles semblaient par un tacite accord couvrir d’une aimable indulgence les égarements d’un trop long veuvage !…

Oui, heureuse madame Hérouard !… et heureuse