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II

M. Hérouard avait surgi sous les dernières années de la République ; de simple commis chez un banquier il était promptement devenu l’associé, puis le gendre et le successeur de son patron. Ses rares capacités financières lui valurent bientôt une place à part dans la haute banque parisienne ; il sut se rendre utile au moment du blocus, continental et obtint, en récompense, un poste élevé en Amérique comme agent diplomatique Français ; quelque chose comme un consulat général qui avait l’importance d’une ambassade.

J’ai dit que madame Hérouard était souffrante ; mais qu’avait-elle au juste ? On ne le savait pas ; c’étaient les nerfs sans doute ; ou bien le chagrin du veuvage, car monsieur était absent depuis plus de quinze mois. Que si vous me demandez pourquoi madame ne l’avait pas suivi en Amérique, je vous répondrai que le docteur Alibert l’avait défendu, madame étant délicate, et la traversée rude et longue.

Ce même docteur Alibert venait tous les jours voir la malade, conseillait le repos et la distraction, et parfois permettait une promenade le soir, en voiture.

Aussi avait-on aperçu, — c’était l’été — le gracieux visage de madame Hérouard, au fond d’un coupé, à la porte de Tortoni. Un beau jeune homme prenait soin d’elle ; ajustant l’ample schall qui la couvrait ; relevant ou abaissant, à propos, les glaces du coupé.