Page:Cadiot - Chateau-Gaillard.pdf/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

salon tendu de point des Gobelins, meublé de consoles d’acajou à pilastres enrichis de cuivres ciselés par Gouttières, de fauteuils assortis et de tabourets à l’X ; et, entrons dans le sanctuaire.

Madame, les cheveux noués à l’antique sur le sommet de la tête, est languissamment couchée dans un lit de Jacob en forme de gondole, posé sur quatre cygnes, drapé de soie bleue et négligemment recouvert d’un cachemire orange, en guise de courte-pointe.

À portée de sa main, sur un somno, sont des journaux ; l’Almanach des modes, quelques numéros de l’Hermite de la chaussée d’Antin ; au fond du lit une glace à demi enveloppée par des draperies ; au pied, une vaste jardinière remplie de fleurs rares ; dans un coin, une harpe ; entre les fenêtres un piano chargé de sonates et de romances ; ailleurs, une psyché, une commode, une table à ouvrage ; à terre un frais tapis de la Savonnerie à rosaces ; çà et là, des siéges en bois doré recouverts de soie brochée ; sur les murs, des tentures de même soie plissées en tuyaux d’orgues, et attachées par des patères dorées à une frise de stuc ; sur la cheminée une pendule de Ravrio entre des vases de Sèvres peints par Dagoty ; et à l’entour de la glace, des portraits de Boilly et des miniatures d’Isabey…

C’est assez, n’est-ce pas, lecteur ? et vous savez que la femme chez qui je vous introduis est une des reines de Paris, qu’elle y donne le ton, qu’elle est coquette, qu’elle est aimée, et qu’elle a un mari qui la gâte et lui laisse faire ses quatre volontés.