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ter une corde de sa barque afin que je pusse le suivre ; il me répondit qu’il leur était égal d’aborder seuls cette nuit. Je lui répliquai : « Vous voyez l’impossibilité où nous sommes de vous suivre et de vous obéir ; dites-moi ce que je dois faire.» Sa réponse fut que ce n’était pas le moment de donner des ordres, que chacun n’avait qu’à suivre l’avis qui lui paraîtrait le meilleur pour se sauver, qu’il allait en agir ainsi, et il s’éloigna. Comme je ne pus pas le suivre, je retournai à l’autre barque qui m’attendait en pleine mer. Quand j’y fus arrivé je vis que c’était celle des capitaines Peñalosa et Telles. Nous naviguâmes quatre jours de conserve, n’ayant pour toute ration qu’une demi-poignée de maïs cru ; au bout de ce temps nous fûmes assaillis par une tourmente qui fit chavirer l’autre barque. Dieu, par son extrême miséricorde, permit que nous ne périssions pas tous, malgré le mauvais temps. Comme nous étions en hiver, que le froid était exces-