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relation


de les suivre, nous continuàmes notre voyage. Le matin nous aperçûmes une petite ile, nous y allâmes pour y chercher de l’eau ; mais notre peine fut inutile, il n’y en avait pas. Pendant que nous étions à l’ancre, nous fûmes assaillis par une horrible tempête qui nous retint six jours dans l’ile sans que nous osassions nous mettre à la mer ; et comme il y en avait cinq que nous n’avions bu, la soif nous força de boire de l’eau salée. Quelques-uns des nôtres en burent une si grande quantité, que nous perdîmes cinq hommes. J’écris tout cela très-brièvement : je ne crois pas qu’il soit nécessaire de raconter en détail tous les maux et les dangers que nous éprouvâmes : chacun peut se faire une idée de ce que nous avons souffert en considérant dans quel lieu nous nous trouvions, et le peu d’espérance que nous avions d’être secourus. Voyant notre soif augmenter, et que l’eau salée nous donnait la mort, nous résolûmes de nous recommander à Dieu, et malgré la tempête de nous