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des voiles ; nous fimes avec des sapins les rames dont nous avions besoin. Ce pays où nous avions été conduits pour nos péchés était si misérable, que nous eûmes la plus grande peine à trouver des pierres pour faire le leste et les ancres de nos barques ; dans toute la contrée nous n’en avions aperçu aucune. Nous dépeçâmes les jambes des chevaux tout entières, et nous les écorchâmes pour en faire des outres pour l’eau. Pendant ce temps-là plusieurs des nôtres cueillaient des algues-marines dans les baies et les criques. Deux fois ils furent attaqués par les Indiens, qui nous tuèrent dix hommes à la vue de notre camp et sans que nous puissions leur porter secours. Nous les trouvâmes percés de flèches de part en part. Ils étaient couverts de bonnes armures ; mais elles ne purent résister, car ces Indiens, comme je l’ai déjà dit, tirent avec une adresse et une force extrême. D’après l’opinion et les serments de nos pilotes, depuis la baie de la Cruz jusqu’ici, il y