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d’endroit où nous puissions être une demi-heure en sûreté. Toute la nuit, surtout depuis minuit, nous entendîmes un tumulte et un grand bruit de voix, de grelots, de flûtes, de tambourins et d’autres instruments, qui durèrent jusqu’au matin, lorsque la tempête cessa. Jamais dans ces parages on n’avait vu une chose si épouvantable. J’en ai fait dresser un procès-verbal, que j’ai envoyé comme preuves à votre majesté. Le lundi matin étant descendus au port, nous ne trouvâmes plus les vaisseaux ; nous en aperçûmes les bouées qui flottaient sur l’eau, ce qui nous fit voir qu’ils s’étaient perdus. Nous suivîmes la côte pour chercher quelques vestiges du naufrage ; mais n’ayant rien aperçu nous gagnâmes les bois. Nous y vîmes à un quart de lieue de la mer la chaloupe d’un navire qui était sur des arbres. A dix lieues de là, sur la côte, on trouva les cadavres de deux personnes de mon bâtiment et des couvercles de caisses ; ces gens étaient si défigurés par les