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d’alvar nuñez cabeça de vaca.


en un mot, de ne leur faire aucun des torts dont ils se plaignaient : cela leur fit un plaisir extrême. Nous parcourûmes une grande distance déserte ; les habitants s’étaient enfuis dans les montagnes, en abandonnant leurs cultures dans la crainte des chrétiens. Ce fut pour nous un chagrin cruel de voir un pays si fertile, si beau, si bien arrosé de ruisseaux et de rivières, et de ne trouver que des villages abandonnés réduits en cendres, et quelques habitants décharnés, malades et fugitifs. Comme ils ne pouvaient cultiver la terre, ils assouvissaient leur faim avec des écorces d’arbres et des racines. Pendant la route nous souffrions aussi de la famine, les naturels ne nous étaient que très-peu utiles ; ils étaient si affaiblis, qu’ils semblaient près de mourir. Ils apportèrent des manteaux qu’ils avaient sauvés des mains des chrétiens, et nous les donnèrent. Ils nous racontèrent que ceux-ci ayant pénétré dans le pays, avaient détruit et brûlé les villages, emmené