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relation


ce qu’ils possédaient, et même leurs maisons. Nous remettions tout ces présents aux chefs afin qu’ils en fissent le partage. Ceux qui étaient dépouillés de leur avoir se mettaient à notre suite, ce qui était cause que beaucoup de monde nous suivait, afin de réparer leurs pertes. Les arrivants disaient aux autres naturels de ne rien cacher de leurs biens, parce que nous le saurions, que le soleil nous avertirait de leurs actions, et que nous les ferions mourir. La crainte qu’ils leur inspiraient était si grande, que les premiers jours ils étaient tout tremblants, et n’osaient ni parler ni lever les yeux. Ces derniers Indiens nous conduisirent pendant cinquante lieues dans un pays désert et couvert de montagnes très-escarpées. Leur aridité fut cause qu’on n’y trouva pas de gibier, et que nous souffrîmes extrêmement de la faim. Nous traversâmes ensuite une rivière en ayant de l’eau jusqu’à la poitrine. Depuis cet endroit, un grand nombre des Indiens qui nous accompagnaient