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d’alvar nuñez cabeça de vaca.


devait être plus cruelle la douleur des épines qu’il avait endurée. Je commerçais avec ces Indiens, je leur fournissais des arcs, des fléches et des filets, je leur faisais des peignes, et nous fabriquions des nattes dont ils ont grand besoin. Quoiqu’ils sussent faire tous ces objets, ils ne voulaient nullement s’en occuper, préférant aller chercher de quoi vivre ; parce que lorsqu’ils s’adonnent à ces travaux, ils souffrent extrêmement de la faim. Ils me faisaient racler des peaux et les rendre flexibles. Ces moments étaient pour moi les plus heureux ; car j’en raclais beaucoup, et je me nourrissais de ces raclures pendant deux ou trois jours.

Nous étions convenus avec ces Indiens, et ceux que nous avions laissés, qu’ils nous donneraient la viande crue, pour la manger ainsi ; parce que, si nous la faisions rôtir, le premier Indien qui arrivait s’en emparait et la dévorait ; nous ne voulions pas nous y ex-