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relation


froid et l’air nous faisaient venir sur la poitrine et sur les épaules des dartres vives très-grandes, qui nous causaient les plus cruelles douleurs. Nous étions chargés de fardeaux si pesants, que les cordes qui servaient à les porter nous entraient dans les bras et nous coupaient les chairs. Le pays est si sauvage et si couvert de broussailles, que souvent, lorsque nous allions ramasser du bois dans les forêts, après avoir achevé notre ouvrage, le sang nous sortait de tous les côtés du corps, par les déchirures que nous avaient faites les épines et les buissons. Il m’est arrivé d’avoir été chercher du bois, et, après m’être tout ensanglanté à le recueillir, il m’était impossible de l’emporter, soit sur mon dos, soit en le traînant. Au milieu de tous ces maux, mon seul remède et ma consolation étaient de réfléchir à la passion de notre rédempteur Jésus-Christ, au sang qu’il avait répandu pour moi ; et je m’imaginais combien