Page:Cabeza de Vaca - Relation et Naufrages, trad. Ternaux-Compans, Arthus Bertrand, 1837.pdf/188

Cette page n’a pas encore été corrigée
177
d’alvar nuñez cabeça de vaca.


faiblis et enflés que nous en fûmes surpris. Les Indiens avec qui nous voyagions suivirent la même route qu’eux ; nous leur dîmes que nous voulions rester avec les autres, ce qui leur fit beaucoup de peine. Nous nous établîmes donc dans la campagne près de leurs maisons ; quand ceux-ci le virent, ils se concertèrent, chacun d’eux prit un des nôtres par la main et le conduisit à sa cabane. Nous souffrîmes beaucoup plus de la faim chez les Arbadaos que chez les Maliacones. Pendant toute la journée nous ne mangions que deux poignées des fruits dont j’ai parlé : ils étaient verts et remplis d’un suc qui nous brûlait la bouche.

Nous étions si affamés, que nous échangeâmes avec eux des filets, une peau dont je me couvrais, et d’autres objets contre deux chiens. J’ai déjà dit qüe tant que nous restâmes dans ce pays, nous étions nus, et, comme nous n’y étions pas accoutumés, nous changions de peau comme les serpents, deux fois par an. Le

7.
12