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d’alvar nuñez cabeça de vaca.


sont bien faits, mais moins grands que ceux que nous avions quittés. Ils se percent une mamelle et une lèvre : leur nourriture consiste principalement en deux ou trois especes de racines. Ils les recueillent dans tout le pays ; elles sont très-mauvaises, et font enfler ceux qui en mangent : il faut deux jours pour les faire cuire, et outre cela, on ne se les procure qu’avec bien de la peine. Ces gens sont si affamés qu’ils ne peuvent se rassasier sans ces racines. Ils vont les chercher à deux ou trois lieues à la ronde. Quelquefois ils tuent du gibier, et ils prennent du poisson dans la saison ; mais en très-petite quantité : leur appétit est si grand, qu’ils mangent des araignées, des œufs de fourmis, des vers, des lézards, des salamandres, des couleuvres, des vipères, dont la morçure est mortelle, de la terre, du bois, de la fiente de cerfs et bien d’autres choses dont je ne parlerai pas. Je crois en vérité que s’il y avait des pierres dans ce pays-là ils les mange-