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relation


manière aux Indiens mon intention de m’en aller, parce qu’ils me tueraient à l’instant ; et d’attendre six mois avec eux. C’était l’époque où ces naturels allaient dans un autre pays pour vivre de tunas (figues de raquette ou figuier d’Inde). Ce sont des fruits comme des œufs, jaunes ou noirs et d’excellent goût. Pendant trois mois de l’année les indigènes n’ont pas d’autre nourriture : plus tard d’autres Indiens arrivent, et leur apportent des arcs pour commercer avec eux. Nous choisîmes cette saison pour prendre la fuite tous ensemble. Ce dessein ayant été arrêté, je restai dans leur compagnie, et l’on me donna en esclavage à un Indien qui avait déjà Dorantès. Cet homme, sa femme et ses enfants étaient tous borgnes : on les nommait Marianés. Castillo était chez des voisins de ceux-ci, ils s’appelaient Yguas. Les Espagnols me racontèrent qu’après avoir quitté l’ile del Malhado, ils avaient trouvé sur la côte une barque naufragée : c’était celle que montaient le