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relation


Seigneur, j’en suis revenu. Ces accidents m’empêchaient de faire mon commerce pendant l’hiver ; car c’est une saison où les naturels eux-mêmes, retirés dans leurs huttes et dans leurs cabanes, en sortent à peine, et ne pouvaient pas m’être utiles. Je restai près de six ans dans ce pays, seul au milieu de ces Indiens et tout nu comme eux. Mon désir d’emmener avec moi un chrétien, nommé Lope de Oviédo, qui était resté dans l’île, me fit aussi prolonger mon séjour. De Alaniz, son compagnon, qui était resté avec lui, était mort aussitôt après le départ d’Alonso del Castillo, d’Andrès Dorantes et des autres Espagnols. Chaque année je passais dans l’île, et je le priais de nous en aller le mieux que nous pourrions à la recherche des chrétiens, et il me remettait toujours à l’année suivante ; enfin je l’emmenai. Comme il ne savait pas nager je lui fis passer une baie et quatre rivières qui sont sur la côte : nous marchâmes avec quelques Indiens qui nous précédaient,