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d’alvar nuñez cabeça de vaca.


vais traitements et le travail dont ils m’accablaient, me forcèrent de prendre la fuite, et de me réfugier chez les Indiens de la nation Charruco, qui vivent au milieu des bois sur la terre ferme ; car mon existence chez les premiers Indiens était insupportable. Entre autres travaux auxquels ils m’employaient, ils m’envoyaient arracher les racines dont ils se nourrissent, sous l’eau et au milieu des roseaux où elles croissent ; j’en avais les doigts si abîmés, que pour les faire saigner, il suffisait de les toucher avec une paille. Les roseaux me coupaient de tous côtés ; car beaucoup étaient brisés, et il fallait entrer au milieu, vêtu comme on sait que j’étais. C’est ce qui fut cause que je me décidai à passer chez les autres naturels, et j’y fus beaucoup mieux. Je me fis colporteur, et je mis tous mes soins à bien faire mon office : ils me nourrissaient, me traitaient fort bien ; ils m’envoyaient de côté et d’autre chercher ce dont ils avaient besoin, car les guerres