Page:Cabeza de Vaca - Relation et Naufrages, trad. Ternaux-Compans, Arthus Bertrand, 1837.pdf/119

Cette page n’a pas encore été corrigée
108
relation


nourrissent de racines. A la fin de février ils vont vivre dans un autre pays, parce que c’est l’époque où les racines croissent et ne sont plus mangeables. Aucun peuple du monde ne chérit davantage ses enfants et ne les traite mieux ; lorsqu’il en meurt un, le père, les parents et toute la peuplade déplorent sa perte. Ils pleurent pendant une année entière. Chaque matin, avant la pointe du jour, les pères commencent à verser des larmes et tous les autres les imitent : ils recommencent à midi et le soir. Après un an de deuil ils font les funérailles du mort ; ils se lavent de la suie dont ils se sont couverts. Ils pleurent ainsi tous les morts, excepté les vieillards, dont ils ne font aucun cas, parce que, disent-ils, ils ont fait leur temps ; qu’il n’y a plus aucun avantage à attendre d’eux tant qu’ils restent sur la terre , et qu’ils faut qu’il laissent les vivres aux enfants. Ils sont dans l’usage d’enterrer les morts, excepté les médecins, qu’ils brûlent. Pendant que le bûcher est allumé,