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d’alvar nuñez cabeça de vaca.


ne nous étions pas remis en route, vinrent nous chercher, et nous apportèrent à manger. Quand ils nous virent accoutrés d’une manière si différente de la première fois, ils en eurent si peur qu’ils s’enfuirent. Nous leur fîmes comprendre par signes qu’une de nos barques avait fait naufrage, et que trois des nôtres s’étaient noyés. Deux de nos compagnons expirèrent sous leurs yeux, et les autres allaient bientôt les suivre. Les Indiens, voyant le malheur qui nous était arrivé, et la situation désastreuse dans laquelle nous nous trouvions, s’assirent au milieu de nous, et remplis de compassion pour nos maux, ils commencèrent à pleurer abondamment, et avec tant de passion, qu’on pouvait les entendre de loin ; cela dura une demi-heure. En voyant ces hommes si privés de raison, si cruels et semblables à des brutes, avoir tant de pitié de nous, le sentiment de notre misère ne fut que plus grand encore. Quand nous eûmes essuyé nos larmes, je dis aux

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