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NOTICE SUR AULUS SABINUS.

D’après le témoignage d’Ovide, Aulus Sabinus avait promené sa muse dans toutes les parties du monde, et était rentré à Rome chargé d’un riche butin littéraire :

Quam celer e toto rediit meus orbe Sabinus,
Scriptaque diversis rettulit ille locis !

(Amor. lib. II, eleg. 18.)

Mais une mort prématurée l’avait empêché de mettre la dernière main à ses travaux, particulièrement à sa tragédie de Trézène et à son poëme des Jours :

Quique suam Trœzena, imperfectumque dierum
Deseruit celeri morte Sabinus opus.

(Pont. lib. IV, eleg. 16.)

Ovide lui attribue les héroïdes suivantes : Ulysse à Pénélope, Hippolyte à Phèdre, Énée à Didon, Démophon à Phyllis, Jason à Hypsipyle :

Candida Penelope signum cognovit Ulyssis ;
Legit ab Hippolyto scripta noverca suo.
Jam pius Æneas miseræ : rescripsit Elissæ ;
Quodque legat Phyllis, si modo vivit, habet.
Tristis ad Hypsipylen ab Iasone littera venit.
Del votam Phœbo Lesbis amata lyram.

(Amor. lib. II, eleg. 18.)

L’excellent commentaire qu’Heinsius nous a donné des épîtres de Sabinus prouve qu’il les honorait de quelque estime. Nulle part, peut-être, ce spirituel critique n’a déployé plus de finesse et de sagacité ; ses heureuses conjectures approchent souvent de la divination. Les passages les plus scabreux et les plus obscurs deviennent clairs et faciles quand il les a retouchés, et, grâce à