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de bucoliques ; du moins, ils ne le nomment jamais à côté de Virgile et de Calpurnius ; aussi les cinq premières éditions imprimées donnent-elles les onze églogues comme l’œuvre de ce dernier poëte. Celle d’Ange Ugoletti, qui parut vers l’an 1500, est la première qui, se fondant sur un ancien manuscrit, attribue quatre de ces poëmes à Némésien. Cet exemple fut suivi par la plupart des éditeurs subséquents. Cependant aucun, manuscrit ne fait cette distinction, et il est problable que le nom de Némésien s’est glissé dans le manuscrit d’Ugoletti par l’erreur d’un copiste, qui aura accolé ces deux noms, parce que les grammairiens croyaient généralement que le protecteur de Calpurnius n’était autre que ce poëte, son contemporain. Le style des quatre églogues que ce manuscrit lui attribue, ne diffère absolument pas de celui des sept autres ; il y a plus : en examinant le sujet des onze églogues, on y reconnaît une imitation de celles de Virgile, et des dix ou onze poëmes véritablement bucoliques de Théocrite ; ce qui doit faire penser que tous ces poëmes sont du même auteur, dont le but aura été de parcourir le cercle des situations de la vie pastorale, qui, d’après les anciens grammairiens, offraient des sujets de bucoliques.

Calpurnius, né avec de l’imagination, avait cultivé ses talents par la lecture des bons modèles ; mais son génie ne sut pas s’élever au-dessus des vices de son siècle, le bel-esprit et l’emphase. Il a imité le poëte de Mantoue, mais plus encore celui de Sicile. Les mœurs de ses bergers sont plus simples et plus grossières que celles des personnages de Virgile, qui n’ont qu’une existence idéale ; ainsi que Théocrite, il introduit sur la scène des jardiniers et des moissonneurs.

Son style a été diversement apprécié : quelques-uns n’ont envisagé que ses défauts, d’autres ont tenu compte de ses qualités. Gyrald lui accorde de l'abondance et de la facilité, mais il lui refuse l’énergie et la grâce. Scaliger convient que ses vers sont souvent heureux, mais habituellement lâches et boursoufflés. D’un autre côté, Lotichius lui fait une trop belle part en rappelant parfait poëte bucolique :

Bucolicos inter vates Calpurnius exstat,
Bucolia vates optimus ipse lyra.