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Notice sur Arborius.
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Ém. Magnus Arbonius, oncle maternel d’Ausone, et rhéteur de Toulouse, qui fut ensuite appelé à Constantinople pour l’instruction d’un jeune César, passe pour l’auteur d’une élégie en quatre-vingt-douze vers, adressée à une jeune fille trop parée, Ad nympham nimis cultam. C’est une imitation de la seconde élégie de Properce.

Quid juvat ornato procedere, vita, capillo ?
Et tenues Coa veste movere sinus ?
(Lib. I, eleg. 2, v. 1.)

On ne saurait, sans doute, mettre sur la même ligne la pièce de Properce et celle d’Arborius. Le poëte du siècle d’Auguste se distingue par une plus grande justesse d’idées, un choix plus varié d’images, et une fleur de poésie qui n’appartient qu’aux littératures du premier ordre. Il écrit sous l’inspiration d’une raison mûre, amie du naturel et de la vérité, tandis que son imitateur, qui s’est proposé d’interdire la prétention et la recherche dans la parure, semble, en déployant tous les artifices d’un style coquet et fleuri, vouloir parer ses vers de tous les ornements qu’il retranche à la toilette de la jeune fille à laquelle il adresse ses conseils. Les compositions nobles et délicates sont toujours simples ; la simplicité, qui est le cachet du talent, disparaît quand les figures du langage sont répandues avec profusion. Arborius sème, pour ainsi dire, à pleines mains ces grâces du discours qui en font l’assaisonnement, et qui, par cette raison, ne doivent pas être prodiguées. Préoccupé du désir de plaire, il craint tellement qu’une pensée belle par elle-même ne frappe pas, qu’il la présente sous tous les jours où elle peut être tue, et qu’il la gâte en la surchargeant de couleurs.