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raît pas. Que sont devenus ces serments auxquels Phyllis ajoutait tant de foi ?

Fallere credentem non est operosa puellam
Gloria : simplicitas digna favore fuit.

Elle a trop aimé Démophon : sa tendresse et ses bienfaits sont également méprisés. Dans son désespoir, elle invoque la mort ; elle veut recourir aux flots, au poison, au fer ou au lacet. Le dédaigneux oubli de son amant sera la seule cause de son trépas.

Si la lettre de Phyllis respire l’amour, la colère a dicté celle d’Œnone. L’infortunée reproche à Pâris de s’être indignement joué de ses promesses. Elle avait daigné répondre aux vœux d’un simple berger, et l’ingrat l’a trahie :

Pegasis Œnone, Phrygiis celeberrima silvis,
Læsa queror de te, si sinis ipse, meo.

Le retour de Pâris était l’objet de ses plus ardents désirs ; mais Pâris était revenu de Troie avec Hélène. L’amertume éclate d’abord dans les plaintes qu’elle lui adresse. Cependant l’attendrissement succède peu à peu à l’indignation : Œnone revient à des sentiments plus doux ; elle évoque de touchants souvenirs et rappelle à Pâris les moments de leurs premières amours. Son inconstance ne l’a point rendue elle-même volage :

Sed tua sum, tecumque fui puerilibus annis ;
Et tua, quod superest temporis, esse precor.

Elle implore la tendresse du fils de Priam, et paraît compter bien plus sur la générosité de ses sentiments que sur l’art magique qu’elle tient d’Apollon : don fatal et stérile qui ne lui offre contre l’amour que des remèdes impuissants.

C.-D.