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le moyen même qui l’a produit, s’aggrave de jour en jour : enfin, cet usage débilite et détruit à la longue, toute espèce de faculté de penser, et nourrit des habitudes de rêverie vague, qui sont incontestablement ce qu’il y a de plus propre à frapper de stérilité les forces de l’esprit.

De toutes ces circonstances réunies[1], résultent des goûts d’indolence et d’apathie ; des penchans stupides et grossiers, sur lesquels la raison n’exerce nul empire ; des passions effrénées, souvent féroces et capables de produire les plus horribles attentats. On connoît la frénésie de ces nègres de l’Inde qui, du moment où le dégoût de la vie s’est emparé de leur âme, prennent de fortes doses d’extrait de chanvre et d’opium, mêlés

  1. Il faut cependant observer que l’opium, quand on l’employe à dose foible, conserve long-temps une action stimulante pure. J’ai connu un vieillard qui s’en servoit pour prévenir des assoupissemens léthargiques, auxquels il étoit enclin. J’en ai fait usage avec succès moi-même, pour remplir le même but, chez un autre vieillard que la répercussion subite de la transpiration avoit fait tomber dans un état comateux. Mais j’avois cru, dans ce dernier cas, devoir associer des cordiaux à l’opium.