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montroit plus aucun sentiment de répugnance, ou d’affection.

L’effet des alimens grossiers, sur-tout lorsque des boissons analogues le secondent, est d’engourdir, à différens degrés, les sensations ; de ralentir, à des degrés correspondans, l’action des organes moteurs. L’effet est plus remarquable, il est même différent, à quelques égards, toutes les fois que les viscères du bas-ventre s’obstruent. C’est ce qu’Hippocrate avoit déjà remarqué de son temps. Enfin, cet effet est d’autant plus fort, que les cas où on l’observe, se rapprochent davantage de celui que je viens de citer.

Ainsi, dans certains pays, où la classe indigente vit presqu’uniquement de châtaignes, de bled-sarrazin, ou d’autres alimens grossiers, on remarque chez cette classe toute entière, un défaut d’intelligence presque absolu, une lenteur singulière dans les déterminations et les mouvemens. Les hommes y sont d’autant plus stupides et plus inertes, qu’ils vivent plus exclusivement de ces alimens : et les ministres du culte avoient souvent, dans l’ancien régime, observé que leurs efforts pour donner des idées de religion et de morale à ces hommes abrutis,