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la sécurité de son empire dans celui-ci : il avoit atteint son but principal[1].

Au reste, je n’entrerai point ici dans le détail des idées et des penchans bizarres, et même pervers, ou dangereux, que ce régime tend à faire naître. Quoique l’abstinence en général ou tel genre d’abstinence en particulier, puisse y contribuer beau-

  1. Je sais (et je ne veux pas le taire) que dans l’origine, quelques ordres religieux ont rendu des services à l’agriculture ; que d’autres en ont rendu plus constamment encore aux lettres. À certaines époques malheureuses, les philosophes n’avoient guère d’autre asyle contre la tyrannie, que les cloîtres : par-tout ailleurs, il étoit impossible de penser et de vivre en paix. J’ajouterai même qu’il y a divers genres de travaux pour lesquels des associations d’hommes, soumis volontairement à des règles, à un système géneral de vie, pourroient être d’une grande utilité. Mais les institutions monastiques n’en ont pas moins été de grands fléaux. Il seroit à désirer que leur histoire fût écrite impartialement par des esprits philosophiques, qui les eussent bien observées dans leur régime intérieur : ils nous apprendroient peut-être s’il est possible, encore aujourd’hui, d’en emprunter quelques vues pour la création d’institutions nouvelles, appropriées à l’état des lumières, et comment il faudroit s’y prendre pour cela.