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loit faire plus ; il falloit, s’il étoit possible, leur faire approuver et chérir la barbarie elle-même de ces lois.

Ces esprits ardens et mélancoliques, ces jeunes gens, dont les erreurs de l’imagination, l’inquiétude aventurière, des goûts singuliers, des espérances folles déçues, ou l’indolence et la fainéantise peuploient les cloîtres ; ces hommes dévoués au malheur, dont tout concouroit à troubler de plus en plus la tête, à faire fermenter les passions, avoient besoin d’être réprimés sans cesse, d’être rabaissés au-dessous d’eux-mêmes. Leur existence toute entière n’eût été qu’un tourment pour eux. Mais on peut juger, en outre, d’après les relations les plus exactes qui nous ont été transmises de la vie intérieure des cloîtres, que les séditions et les révoltes étaient toujours près d’éclater[1] dans ces lieux de désespoir, et que la sûreté des supérieurs leur paroissoit demander la diminution directe des forces physiques de

  1. Les personnes au fait de l’intérieur des couvens, sur tout de ceux d’ordres très-sévères, savent que la guerre y régnoit continuellement entre les particuliers, et que les supérieurs étoient souvent menacés du fer, ou du poison.