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Le fœtus a donc cette conscience du moi. Car il a le besoin, le désir d’exécuter des mouvemens.

Ainsi, quand il arrive à la lumière, son cerveau, cet organe central, où réside la volonté générale, a déjà reçu des modifications qui commencent à le faire sortir des simples appétits de l’instinct.

Il a des idées, des penchans, des habitudes.

De plus, l’action du systême absorbant doit lui donner au moins le sentiment de bien-être, ou de mal-aise.

Ses intimes rapports avec la mère peuvent lui procurer quelques affections sympathiques.

Enfin, il est possible qu’il ne soit pas étranger à des sensations de lumière et de son : les premières nous arrivent souvent par des coups, ou par des causes internes.

Cet état varie suivant les espèces et les individus : mais enfin on conçoit que le cerveau de l’animal n’est pas table rase au moment de la naissance.

§. XI.

C’est à quoi il faut faire bien attention dans les analyses idéologiques.

Rien ne ressemble moins à la nature que ces statues que l’on fait sentir et agir.

Les opérations de l’organe pensant sont toutes modifiées par les déterminations et les habitudes de l’instinct.

Il est d’ailleurs, positivement impossible que jamais l’organe particulier d’un sens, entre isolément en action.