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Des effets si divers peuvent-ils être imputés à la même cause, la sensibilité ?

Expérience. Quand on lie, ou coupe tous les troncs des nerfs d’une partie, au même instant elle devient entièrement insensible ; et la faculté de tout mouvement volontaire s’y trouve abolie : celle de recevoir quelques impressions et de produire de vagues mouvemens de contraction, subsiste encore quelque temps ; et bientôt, arrivent la cessation totale de la vie, et la décomposition.

Conséquence. Les nerfs sont le siège particulier de la sensibilité. Ce sont eux qui la distribuent dans tous les organes, dont ils forment le lien général et alimentent la vie.

Les impressions isolées, les mouvemens irréguliers qui subsistent encore, quelques instans après la section, tiennent à des restes d’une sensibilité partielle qui ne se renouvelle plus.

L’irritabilité n’est qu’une conséquence de la sensibilité, et le mouvement, un effet de la vie : car, les nerfs sentent, mais ne se meuvent pas. Ils sont l’âme du mouvement des muscles, mais ne sont point irritables directement.

§. iii.

Il résulte de là, 1°. que les nerfs sont les organes de la sensibilité ; 2°, que de la sensibilité seule dépendent les perceptions qui se reproduisent en nous ; 3°. que les mouvemens volontaires ne s’exécutent qu’en vertu de ces perceptions ; et que les organes moteurs sont soumis aux organes sensitifs, et ne sont