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agitée par des variations fréquentes, fournit les premiers traits du sanguin-bilieux : et, pour peu que le régime, les travaux et les diverses causes morales, favorisent alors sa formation, ce tempérament devient bientôt commun à tout un pays. Les qualités qu’il produit, ou qu’il suppose, paroissent être les plus favorables au bonheur particulier et aux progrès de l’état social ; tant à cause du juste degré d’activité qu’il imprime, que de la souplesse d’esprit et de la douceur des manières qui le caractérisent. En général, c’est ce tempérament qui prédomine en France. Si nous voulions entrer dans quelques détails, il seroit facile de voir qu’il a constamment influé sur nos habitudes nationales, depuis que les travaux de la civilisation ont fixé définitivement notre climat. Le bilieux-mélancolique est, au contraire, le plus malheureux et le plus funeste de tous. C’est celui qui paroît propre aux nations fanatiques, vindicatives et sanguinaires. C’est lui qui détermine les sombres emportemens des Tibère et des Sylla ; les fureurs hypocrites des Dominique, des Louis Onze et des Robespierre ; les atrocités capricieuses des Henri Huit ; les vengeances réfléchies et persévérantes des