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toujours, au contraire, devoir multiplier les ressorts. C’est ainsi que le cours des astres, les météores aériens, le mouvement des eaux de l’Océan, la germination, la fructification des végétaux ; en un mot, tous les phénomènes de l’univers furent d’abord soumis à autant de causes différentes. Apollon conduisit le char du soleil ; Diane celui de la lune ; Jupiter gouverna l’Empirée, déchaîna les orages, alluma la foudre ; Neptune souleva les mers ; et Pan, Cérès, Flore, Pomone, se partagèrent l’empire des troupeaux, des moissons, des fleurs et des fruits. Il fallut un temps fort long pour arriver à n’admettre dans la nature qu’une seule force : peut-être faudra-t-il un temps plus long encore pour bien reconnoître que, ne pouvant la comparer à rien, nous ne pouvons nous former aucune idée véritable de ses propriétés ; et que les vagues notions que nous avons de son existence, étant uniquement formées sur la contemplation des lois qui gouvernent toutes choses autour de nous, la foiblesse de nos moyens d’observation doit resserrer éternellement ces notions, dans le cercle le plus étroit et le plus borné.