Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/521

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toute l’économie animale. C’est elle encore qui détermine l’état organique des épanouissemens nerveux cutanés, et qui, par-là, modifie, en quelque sorte, à son gré, leur action sensitive, et leur aptitude même à sentir. Enfin, de tous les organes essentiels, le cerveau, soit comme réservoir commun de la sensibilité, soit comme instrument direct des opérations intellectuelles, paroît être celui qui partage le plus vivement et le plus promptement, toutes les dispositions de l’estomac, et toutes les impressions que ce viscère est susceptible de recevoir. On sait, d’après une expérience curieuse, qu’un seul grain de jaune d’œuf pourri, est capable de produire, au moment même où il a été avalé, des éblouissemens, des vertiges, la plus grande confusion d’idées, des angoisses inexprimables ; enfin, tous les symptômes de la fièvre maligne nerveuse[1] ; et que ces désordres peuvent cesser, aussi-tôt que leur foible cause est rejetée par le vomissement naturel, ou artificiel. Un grain d’opium,

  1. Cette expérience a été faite par Bellini, et citée par Boerhaave, quoiqu’elle dérangeât beaucoup les théories de ce dernier.