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effets : la colère peut les accroître en quelque sorte indéfiniment.

Mais l’action même de la sensibilité n’est pas moins soumise à l’empire des idées et des affections de l’ame. Sur un homme attristé d’idées chagrines, agité de sentimens cruels, les objets extérieurs produisent d’autres impressions que si le même homme étoit doucement occupé d’images agréables, et son ame dans un état de satisfaction et de repos.

Les impressions sont dans nous-mêmes, et non dans les objets : ceux-ci n’en peuvent être que l’occasion. La manière de sentir leur présence et leur action tient sur-tout à celle dont on est disposé : la volonté peut même quelquefois dénaturer entièrement les effets qu’ils produisent sur l’organe sentant. Enfin, mettant à part ces illusions des sens, si communes chez les hommes à imagination, et que les ennemis de la philosophie de Locke ont si souvent présentées, comme une objection puissante ; mettant sur-tout à part cette autre influence, bien plus singulière encore, de l’imagination de la mère sur le fœtus renfermé dans la matrice (influence attestée par une foule d’observateurs dignes de foi, et dont il est peut-être aussi peu