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mêmes des effets de l’imagination : s’ils en sont, plus souvent que d’autres, les jouets et les victimes, ils savent du moins quelquefois, les observer et les reconnoître dans autrui.

Il est de fait que, suivant l’état de l’esprit, suivant la différente nature des idées et des affections morales, l’action des organes peut tour-à-tour être excitée, suspendue, ou totalement intervertie.

Un homme vigoureux et sain vient de faire un bon repas : au milieu de ce sentiment de bien-être que répand alors dans toute la machine, la présence des alimens au sein de l’estomac, leur digestion s’exécute avec énergie ; et les sucs digestifs les dissolvent avec aisance et rapidité. Cet homme reçoit-il une mauvaise nouvelle ? ou des passions tristes et funestes viennent-elles à s’élever tout à coup dans son ame ? aussi-tôt son estomac et ses intestins cessent d’agir sur les alimens qu’ils renferment. Les sucs eux-mêmes, par lesquels ces derniers étoient déjà presqu’entièrement dissous, demeurent comme frappés d’une mortelle stupeur : et tandis que l’influence nerveuse qui détermine la digestion, cesse entièrement, celle qui sollicite