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état comateux, ou cataleptique. Enfin, l’abus du sommeil altère toujours, plus ou moins, les fonctions de l’organe pensant ; il peut même à la longue occasionner une folie véritable. Formey[1] rapporte qu’un médecin connu de Boerhaave, après avoir passé une grande partie de sa vie à dormir, avoit perdu progressivement la raison, et qu’il finit par mourir dans un hôpital de fous.

Ce n’est pas que toujours la folie et le délire dépendent de cette cause, ou soient liés à des circonstances analogues : il arrive au contraire, assez souvent qu’ils sont directement produits par l’extrême sensibilité des organes des sens, et par leur excitation trop long-temps prolongée. Les hommes doués de beaucoup d’imagination, qui sont également ceux dont la raison court le plus de hasards, sont pour l’ordinaire très-sensibles à l’impression des objets extérieurs. Cependant ce fait incontestable n’est pas aussi contraire aux observations ci-dessus, qu’il peut le paroître d’abord. Lorsque l’imagination combine ses tableaux, les sens se taisent ; lorsque la folie, produite par l’excès des sen-

  1. Mélanges philosophiques.