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gane pensant a contracté des habitudes de justesse, fortes et profondes, ces impressions erronnées, qui frappent rarement, il est vrai, sur tous les sens à-la-fois, peuvent être corrigées par le jugement. Il n’en est pas, à beaucoup près, toujours de même chez les femmes. Leur imagination vive et mobile ne résiste point à des sensations présentes : elles ne supportent même pas facilement qu’on doute de celles qui sont le plus chimériques ; et leur esprit ne commence à former quelques soupçons sur leur exactitude, que lorsqu’elles ont cessé de les éprouver. On en voit qui croient fermement que leur nez, ou leurs lèvres ont pris un volume immense ; que l’air de leur chambre est imprégné de musc, d’ambre, ou d’autres parfums dont l’odeur les poursuit ; que leurs pieds ne touchent point la terre ; qu’il n’existe aucun rapport entr’elles et les objets environnans. Les hommes d’une imagination vive et d’un caractère foible, se laissent aussi, quelquefois, entrainer à ces illusions. Le génie lui-même n’en garantit pas. Après sa chute au pont de Neuilly, Pascal, dont la peur avoit troublé tout le système nerveux, voyoit sans cesse à ses côtés, un profond précipice : pour n’en