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culté de partager les idées et les affections des autres ; dans le désir de leur faire partager ses propres idées et ses affections ; dans le besoin d’agir sur leur volonté.

Si-tôt qu’on observe, ou simplement qu’on imagine dans un être, la conscience de la vie, on lui prête nécessairement des perceptions, des jugemens, des désirs, et l’on cherche à les deviner. Si-tôt qu’on les a reconnus, ou qu’on se le persuade, on veut y prendre part, en vertu de la même tendance animale directe, par laquelle on est entraîné vers lui : et pour ces deux actes, la tendance suit à-peu-près les mêmes lois ; elle reste soumise aux mêmes limitations, c’est-à-dire, qu’elle n’est jamais suspendue dans son action, que par la crainte ou le doute, et qu’elle n’agit en sens contraire, que lorsqu’on regarde cet être comme un ennemi véritable, et qu’on lui suppose des qualités nuisibles, ou d’hostiles intentions. Il y a seulement quelque chose de plus, dans cette opération de la sympathie morale : c’est que déjà la faculté d’imitation qui caractérise toute nature sensible, et particulièrement la nature humaine, commence à s’y faire remarquer. En effet, quand on s’associe aux affections morales