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ou n’espérons pas d’exercer sur leur volonté. Mais dans ces derniers sentimens, il entre une foule de jugemens inapperçus. Ce puissant besoin d’agir sur les volontés d’autrui, de les associer à la sienne propre, d’où l’on peut faire dériver une grande partie des phénomènes de la sympathie morale, devient, dans le cours de la vie, un sentiment très-réfléchi ; à peine se rapporte-t-il, pendant quelques instans, aux déterminations primitives de l’instinct : mais il ne leur est jamais complétement étranger.

Il en est de la sympathie, comme des autres tendances instinctives primordiales : quoique formée d’habitudes du système, qui précèdent la naissance de l’individu, elle s’exerce par les divers organes des sens, aux fonctions desquelles les lois de l’organisation l’ont liée d’avance ; elle s’associe à leurs impressions ; elle s’éclaire et se dirige par eux. La vue, l’odorat, l’ouïe, le tact, deviennent tour-à-tour, et quelquefois de concert, les instrumens extérieurs de la sympathie. La vue, en faisant connoître la forme et la position des objets, donne une foule d’utiles et prompts avertissemens. Ses impressions vives, brillantes, éthérées, en quelque sorte,