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ment la suffocation de la vie dans les organes frappés du froid ; mais le rappel du mouvement et de la chaleur doit être progressif : et s’il faut éviter qu’une chaleur extérieure ne saisisse tout-à-coup ces organes, et ne s’y recombine tumultueusement, comme dans une matière inanimée ; il ne faut pas moins craindre que l’action vitale, en se réveillant d’une manière soudaine, n’y cause elle-même une irréparable désorganisation.

L’effet d’un froid médiocre est donc d’imprimer une plus grande activité à tous les organes, et particulièrement aux organes musculaires ; d’exciter toutes les fonctions, sans en gêner aucune ; de donner un plus grand sentiment de force ; d’inviter au mouvement et à l’action. Dans les temps et dans les pays froids, on mange et l’on agit davantage. Il semble qu’à mesure qu’une plus grande somme d’alimens devient nécessaire, la nature trouve en elle-même plus de moyens de force pour assurer la subsistance de l’individu. Mais de cela seul, il résulte qu’une portion considérable de la vie est employée à des mouvemens extérieurs, ou même se perd dans des repas fréquens : or, la plus légère réflexion suffit pour déduire de