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trop à nous montrer comme une suite de miracles, et qui, par cette manière vague et superstitieuse de les considérer, sont devenus, indirectement, l’appui de beaucoup d’erreurs ridicules et dangereuses. Ces imaginations faibles ou prévenues, et sur-tout les charlatans dont elles sont le jouet, manquent rarement de crier à l’impiété, quand les sciences physiques viennent lui enlever quelque nouveau retranchement de causes finales. Mais Newton étoit-il un impie, lorsqu’il soumettoit à une seule loi, tous les mouvemens des corps célestes, et par conséquent tous les phénomènes généraux qui résultent pour nous, de la succession des jours et des nuits, et de la marche des saisons ? Quand Francklin prouvoit l’identité du fluide électrique et de la matière fulminante, étoit-il un impie ? Non, sans doute. Ceux qui s’abstiennent de vouloir pénétrer les causes premières, qui les proclament inaccessibles à nos recherches, incompréhensibles, ineffables, ne méritent point d’être taxés d’impiété. Ce reproche s’appliqueroit, sans doute, avec plus de fondement à ces hommes qui veulent faire agir la force motrice de l’univers d’après leurs vues étroites, l’asservir à