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vestiges durables ; les imaginations en ont été long-temps saisies d’effroi ; et plusieurs religions semblent avoir eu pour but principal de consacrer les circonstances de ces terribles événemens. Or, comment toutes ces notions seroient-elles généralement répandues, si l’existence des hommes en société ne se reportoit à des époques fort antérieures ? car, voulût-on rejeter indistinctement tous les récits relatifs à ces mêmes époques, on n’en est pas moins forcé de reconnoître, que des hommes ignorans, imbécilles, grossiers, tels qu’ils sortent des mains de la nature, n’auroient pu se faire d’idée, ni d’un état de la terre différent de celui qu’elle offroit à leurs yeux, ni sur-tout de la catastrophe à laquelle ce changement étoit dû, puisque, suivant l’hypothèse, il auroit précédé leur naissance. Mais, en outre, la difficulté de concevoir la première formation de l’homme et des autres animaux les plus parfaits, est d’autant plus grande, qu’on la place dans des temps plus voisins de nous ; qu’on suppose l’état de la terre plus semblable alors à celui qu’elle présente de nos jours ; et qu’enfin, l’on ne veut tenir aucun compte des variations que