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naître les uns des autres, ils n’auroient pu, dans l’origine, éclore du sein d’aucune matière inanimée : or, cette conclusion, démentie par le fait, porteroit entièrement à faux. Et peut-être, à cet égard, des idées plus justes que nous ne le pensons, étoient-elles présentes aux auteurs des Genèses, que l’antique Asie nous a transmises, lorsqu’ils donnoient la terre pour mère commune à toutes les natures animées qui s’agitent et vivent sur son sein.

Enfin, il n’est point du tout prouvé que les espèces soient encore aujourd’hui, telles qu’au moment de leur formation primitive. Beaucoup de faits attestent, au contraire, qu’un grand nombre des plus parfaites, c’est-à-dire, de celles qui sont le plus voisines de l’homme par leur organisation, portent l’empreinte du climat qu’elles habitent, des alimens dont elles font usage, des habitudes auxquelles la domination de l’homme, ou leurs rapports avec d’autres êtres vivans, les assujettissent. Les faits attestent encore qu’elles peuvent éprouver certains changemens fortuits, dont on ne sauroit assigner la cause avec une entière exactitude ; et que tous ces caractères accidentels qu’elles