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Dans le passage de la mort à la vie, comme dans celui de la vie à la mort, il n’est pas toujours absolument impossible de suivre les opérations de la nature, ou les changemens que subit la matière. Sur l’ardoise et la tuile de nos toits, nous voyons l’action de l’air et de la pluie faire éclore des moisissures, des mousses, des lichens ; et de leur substance, naissent bientôt des animalcules particuliers. Les laves rejetées du sein de la terre en convulsion, ces matières minérales si diverses, mais toutes plus ou moins incomplètement réduites à l’état vitreux, par la puissance des feux souterrains, se décomposent à l’air, avec le temps ; leur surface se ternit, devient friable, se couvre de végétations, d’abord informes, et sans utilité directe pour les grands animaux : mais déjà dans leur sein, se forment et vivent des myriades d’espèces inapperçues, dont les débris joints à ceux de ces premières végétations, augmentent chaque jour les couches de l’humus : les générations succèdent aux générations, les races aux races ; et leurs restes entassés et décomposés par l’action de l’air atmosphérique et de l’eau, préparent le moment où la riche verdure des plantes et