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On se demandera peut-être, comment une vérité si simple et si frappante a pu, dans un siècle de lumières, être méconnue par des hommes qui ont eux-mêmes contribué si puissamment aux progrès de la raison. Cela ne viendroit-il pas de ce que d’autres philosophes avoient établi d’une manière trop absolue, et comme fait général, la correspondance du caractère du climat avec celui du gouvernement ? Car, véritablement, aussi-tôt qu’on en vient aux applications particulières, de nombreux exemples prouvent qu’il n’y a rien de moins général que cette correspondance : par conséquent, la doctrine sur laquelle son auteur prétend la fonder, pèche en quelque point, puisqu’un de ses principaux résultats est contredit par les faits. Mais aussi ce n’est point là, la vraie doctrine d’Hippocrate. Ce médecin-philosophe reconnoît que les habitudes morales d’un peuple sont le produit d’une foule de causes, très-distinctes les unes des autres : il attache dans leur évaluation comparative, autant d’importance aux institutions sociales, que l’a pu faire Helvétius lui-même ; et nous allons en voir la preuve, dans une dernière citation de son Traité des Airs, des