beautés et leurs défauts ; en conservant à jamais leurs formes les plus heureuses et les plus belles ; en élaguant par degrés tout ce qu’elles ont de défectueux. Pour apprécier une langue, il suffit donc de connoître le mécanisme des signes qui la représentent à l’œil. Nos langues d’Occident, et les plus belles de l’Orient, reproduisent tous les mots avec un petit nombre de lettres diversement combinées. Dans la langue chinoise, presque chaque mot a son signe propre : l’étude de l’écriture exige donc un temps infini. Le vague et l’indétermination du sens des mots, passant tour-à-tour du langage oral à l’écriture, et de l’écriture au langage oral, produisent une confusion dont les plus savans ont toutes les peines du monde à se tirer[1]. Il est évident qu’une pareille langue n’est bonne qu’à perpétuer l’enfance d’un peuple, en usant sans fruit, les forces des esprits les
- ↑ Les relations des derniers Voyageurs nous apprennent que les lois même, c’est-à-dire, les ordres du gouvernement, sont sujets, dans l’exécution, à être interprétés de plusieurs manières, par les différens mandarins ; et cela arrive presque toujours, sans la moindre intention de la part de ceux-ci, de dénaturer l’ordre, ou de violer la loi.