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tous les autres peuples connus de son temps. Voilà pourquoi, si les Romains, en détruisant sa liberté, n’eussent bientôt fait dégénérer sa belle langue, ce même génie, qui avoit inspiré tant de chefs-d’œuvre de poésie et d’éloquence, qui déjà posoit les véritables bases de la philosophie rationnelle et de la morale ; ce même génie alloit marcher rapidement à tous les résultats utiles, à toutes les vérités : il alloit transformer en science, en art pratique, les sentimens profonds de ces âmes, les plus libres dont puisse s’honorer l’espèce humaine ; et ses efforts auroient sans doute hâté de plusieurs siècles, les progrès de la véritable liberté.

Voilà aussi pourquoi les Chinois, qui, malgré cette éminente sagesse que quelques personnes leur attribuent, sont, à plusieurs égards, une nation tout-à-fait barbare, resteront éternellement soumis aux préjugés qui les gouvernent, ne feront aucune grande découverte, n’ajouteront rien peut-être à celles qui leur ont été transmises par quelqu’autre peuple inventeur. Car, c’est sur-tout l’écriture qui fait prendre une forme régulière aux langues : c’est elle qui les perfectionne, en rendant plus sensibles leurs